La légende Lous Beu-l'oli

Buveurs d'huile

La légende des Beu l’Oli telle que racontée, par les grands-mères des années trente à leurs petits-enfants mérite de rester dans la mémoire des Assadins. Nos aïeules tenaient cette histoires des “mamés” qui les avaient précédées et qui étaient presque des contemportaines de l’événement.

L’anecdote fit du bruit à Assas, au propre comme au figuré. En ce temps-là, c’étant avant la Révolution, les chatelains ne séjournaient pas en permanence à Assas. Ils avaient d’autres résidences. Pendant une de leurs absences, un voisin du château féodal entendit du bruit, un vacarme, dans les greniers attenants à la demeure seigneuriale. On conservait là les réserves prélevées sur les dernières récoltes. Du blé, du seigle, de l’huile d’olive dans de grandes jarres.

Le lendemain de l’alerte, des voisins informés par le premier témoin, constatèrent que des sons inhabituels, des bruits de pas inquiétants, provenaient bien du pailler.

Quel brigands, quelles méchantes bêtes, hantaient les dépendances “del castel”?

Le surlendemain sur la place publique, au pied de l’édifice, il fut décide, en présence du baïle et du consul, d’une expédition pour la nuit suivante. Il fallait mettre un terme aux nombreuses interrogations suscitées par le tapage nocturne. Armés de faux, de fourches, des bâtons, nos vaillants Assasdins partirent, sur le coup de minuit, à l’assaut de la forteressse. Que découvrirent-ils ?

Tout simplement des chouettes ayant investi les lieux et s’y ébattant au gré de leurs fantaisies. Il fut dit qu’elle veniaient boire l’huile d’olive dans les jarres. Certains furent déçus de ne pas avoir eu à livrer bataille, la plupart furent penauds de leur pas de clerc. Le fait d’armes, non abouti, fit le tour du village. Le bruit transpira même dans les villages des alentours. Nos voisins gaussaient.

C’est depuis cette mésaventure que les Assadins sont surnommés “Lous Beu-l’oli”

Beu l’oli en provençal se traduit par : boit l’huile.

C’est le nom donné dans la langue de Mistral à la chouette effraie. Cet oiseau est également appelé dans certaines régions, la “Dame blanche” Il mesure 90 cm environ d’envergure. Il a de très gros yeux noirs une vue remarquable. Son dos et ses ailes sont beiges mouchetés de gris. Le ventre et la face sont blancs. Ce rapace nocturne est parfaitement silencieux quand il vole. Il se nourrit essentiellement de petits mammifères robgeurs, mulots, musaraignes. Il niche dans les greniers, pigeonniers, les trous d’arbres. Il émet des bruits étranges. Les bruits de ses pas sur le plancher ou sur un toit rappellent ceux d’un homme. On accusait autrefois l’effraie de boire l’huile des lampes dans les églises, d’où son nom occitant de buveuse d’huile.

Texte extrait des “Cahiers de la mémoire : la Vie à Assas” cahier n°4