L’église Saint Martial

Un long temps s'est écoulé entre la première citation de l'église dans des textes (1288) et le classement "monument historique" de la totalité de l'édifice en 1987.
Primitivement chapelle castrale du château d’Assas, on ignore les raisons qui ont guidé sa conception, le nom de ses commanditaires, de ses maîtres d’œuvre et de ses bâtisseurs.

 

 

La vitrail.jpgmention de Saint Martial apparaît dans divers actes au fil du Moyen-Âge. La dédicace à Saint Martial, évêque de Limoges, est peu fréquente dans l'Hérault.
Edifiée fin XIème- début XIIème, elle est insérée dans l’enceinte du château.
Chapelle castrale, elle est ouverte sur le village au Sud, et sur le château à l’Ouest et au Nord.
Elle a coexisté avec St Julien jusqu’à sa démolition.
De nombreux seigneurs du lieu y furent inhumés.

 

XVIIème Siècle
Les visites pastorales de 1612, 1633, 1657, 1669, 1677, ainsi qu’un questionnaire adressé aux curés en 1684, donnent des descriptions des lieux et mentionnent les travaux réalisés et ceux devant être conduits pour éviter la ruine de l’édifice. Des maçons de Montpellier sont intervenus sur l’édifice par le biais de baux à « prix-faits » établis en 1685 et 1698. Mais en 1698 la voûte menace toujours ruine et en 1741 les paroissiens doivent encore effectuer des réparations.

XVIIIème siècle
En 1756 Assas devient le siège d’un archiprêtré regroupant 10 paroisses.
Au moment de la Révolution, de 1793 à 1796, le culte est interrompu.
En 1796 l’église et le presbytère sont vendus à deux hommes de loi de Montpellier.

XIXème siècle
En 1824-1825, l'église, décrite comme "un vieil édifice délabré et menaçant ruine", estimée à 2000 francs, est acquise par la Municipalité d’Assas.
Les travaux de 1836, 1840, 1871, 1920 sont alors pris en charge par la commune.

XXème siècle
L'édifice a été classé monument historique, en partie en 1942, et en totalité en décembre 1987, comme suite à la demande effectuée par le Conseil Municipal.
De 1960 à 2004 de nombreux travaux ont été réalisés : destruction de deux chapelles en béton armé, mise en place d’un autel en pierre et remplacement de l’autel « à l’ancienne », suppression de la tribune, ravalement intérieur, remplacement à l’identique de la charpente, restauration de la totalité de la toiture, réfection des enduits et du plancher de la terrasse du clocher, restauration des parements en pierre de taille et reprise du couronnement du mur gouttereau, restauration, dégagement et mise en valeur de l’abside, construction d’une tribune en bois indépendante du bâtiment, rénovation des maçonneries des élévations intérieures.
Ce long sauvetage s’est terminé le 18 janvier 2004 par son inauguration solennelle.
Après 2004 : réhabilitation de l’intérieur (murs, pilastres, voûte) et mise en place de trois vitraux.

 

Détails architecturaux

La porte d'entrée Sud
entree_sud2.jpg entree_sud.jpg entree_sud_chap_g.jpg entree_sud_chap_droit.jpg
entrée sud entrée sud : archivolte torique entrée sud : châiteau gauche entrée sud : châpiteau droit

A remarquer son archivolte torique, son tympan avec plaques de stuc rapportées organisées en canevas (style tailloir des ateliers de la Dorade de Toulouse 1120-1130). Les chapiteaux sont de style carolingien à figures végétales.

 

La nef : 18x7x9m
nef_entree.jpgSon élévation est assez exceptionnelle. A remarquer : les 8 pilastres qui structurent l’ensemble et qui soutenaient la voûte. Au centre, 4 des 8 pilastres insèrent des colonnes demi-engagées. Les 8 pilastres déterminaient à l’origine des arcades plates, dites arcades lombardes, et donc, 3 travées. A noter que l’ouverture de trois chapelles en 1836, et une en 1920, a défiguré un ensemble roman particulièrement cohérent.

 

nef_cul-de-four_choeur.jpg

La voûte pesante,  d’un entretien coûteux fut détruite au XVIIIème siècle et remplacée par une charpente, à l’exception du chœur, demeuré dans son état initial. La charpente est à caissons peints. A remarquer le vitrail de Saint Martial dans le cul-de-four du chœur (XIXème siècle).

 

nef_entree_mur_sud.jpgUne tribune construite au XVème siècle fut démolie en 1660, reconstruite en 1840 et définitivement éliminée au début des années 80. A sa place a été récemment installée l’orgue.

cloche.jpgL’accès au château se faisait par une porte au fond de l’église contre le mur duquel s’appuyait une tour carrée. Cette tour, avec escalier à vis, comprenait des pièces étagées et une terrasse.
Le clocher, ou plutôt le bâti de la cloche, y était aménagé. Il fut abattu par Timothée de Montchal, incommodé par le son de la cloche et considérant qu’il constituait un obstacle visuel. Le clocher fut rebâti en 1672 après le transfert de la cloche sur le chevet de l’église, puis fut démoli avec la tour et le château lors de sa reconstruction en 1750. C’est alors que le clocher trouva son emplacement actuel en appui sur le pilastre sud-ouest.
Un deuxième accès au château était aménagé dans la muraille Nord et donnait sur le jardin. Il subsiste une partie de l’arc sommital de ce passage.

 

nef_entree_mur_sud.jpgL’architecture :
Les arcades lombardes aveugles sont significatives de la première époque romane.
Les colonnes en demi-cylindres supportent des chapiteaux corinthiens à décor végétal stylisé ou particulièrement fouillé. Chaque chapiteau a sa personnalité. A remarquer : un pur visage dans l’acanthe de la colonne Nord-est. )
En vis-à-vis, sur la colonne Sud-est, on peut relever la présence d’une sculpture en spirale (caractéristique de l’art wisigothique, héritier de la période paléochrétienne). Il s’agit d’un limaçon qui s’élève en dévorant la matière même de la colonne, figure de l’éternité qui dévore le temps de l’homme et le ramène au ciel. Le pur visage de l’acanthe méditerait-il sur la signification de ce symbole ?

A l’Est, à remarquer le vitrail de Saint Martial encadré de colonnettes. vitrail.jpg
Le chapiteau Sud d’une de ces colonnettes rappelle le miracle de Sainte Valérie.
Légende de Saint Martial : évangélisateur de la Gaule du Sud, évêque de Limoges, Saint Martial est un ami de la famille d’une certaine Valérie. Le gouverneur romain de la ville, un habitué de la maison, est amoureux de la jeune fille. Celle-ci, sous l’influence de Saint Martial, a choisi d’aimer le Christ et refuse sa main au gouverneur. En colère, dépité, ce dernier ordonne la décapitation de la jeune fille. Celle-ci prend alors sa tête entre ses mains et va la déposer sur l’autel de Saint Martial.
A remarquer les chapiteaux illustrant cette légende : bras et tête entre ses mains, le gouverneur, dépouillé de tous ses attributs qui soutient le bras… même sculpture au chevet de l’église, visible au dehors.
En définitive, le gouverneur finira par se convertir ; la morale est sauve et les chrétiens du Moyen Age pourront méditer sur l’enseignement de cette légende…

Colonnettes et chapiteaux extérieurs ouvertue est, abside

ouverture_est.jpg chapiteau_ext_g_est.jpg chapiteau_ext_droit_est.jpg sculpture_spirale.jpg
 ouverture façade est  ouverture est chapiteau G  ouverture est châpiteau D  sculpture en spirale mur sud